Le pianiste de légende Henri Barda en récital à Betcave-Aguin.

Les amoureux de musique classique et notamment de piano sont aux anges. C'est un récital remarquable qui leur est proposé à Betcave-Aguin sur les coteaux de la Gimone, avec la venue du pianiste hors pair Henri Barda.

Reconnu pour son oreille absolue, Henri Barda, qui considère lui, que sa grande chance est d’avoir la conscience et la mémoire des intervalles, joue et improvise dans tous les tons et transpose sans effort les œuvres qu’il travaille ou qu’il a seulement entendues, sans passer par la partition. Ce pianiste d'exception, maître pour toute une nouvelle génération de musiciens en quête d’authenticité et d’engagement, est l’un des derniers représentants de la grande tradition du piano. On retrouve dans son jeu étincelant et fougueux, l’héritage des maîtres du passé dont il se fait le messager.

Né au Caire en 1941, Henri Barda, bénéficie de quelques années d’apprentissage avec le légendaire Ignaz Tiegerman, pianiste polonais installé en Égypte où Henri Barda à vécu jusqu’à l’âge de seize. Il travaille ensuite à Paris avec Lazare Lévy, Joseph Benvenuti, Jean Hubeau et Madeleine Giraudeau au conservatoire de Paris où ill obtient les premiers prix de piano et de musique de chambre. Il reçoit avec Jean-Jacques Kantorow le Grand Prix International Franz Liszt de Budapest en 1978 et le Grand Prix International du disque Frédéric Chopin de Varsovie en 1990.

Parallèlement, le chorégraphe et metteur en scène Jerome Robbins lui confie l'entrée au répertoire de l'Opéra de Paris de l'intégralité de ses ballets sur des oeuvres de Chopin. Cette étroite collaboration avec la danse s'est poursuivie pendant plus de dix ans,

Interprète privilégié et de la première heure d'Olivier Greif, il a créé en duo avec le compositeur sa Sonate dans le goût ancien, le Tombeau de Ravel et la Petite Cantate de Chambre.

Amoureux de la nature depuis sa plus tendre enfance, il fait sa première visite dans le Gers qu'il découvre. Une venue qui ressemble à une succession de hasards qui n'en sont finalement pas.

Alain Salomon, l'un des fondateurs des Musicales de Gimone, à l'initiative de cette miraculeuse escapade, a découvert Henri Barda en 2012 en consultant l'article ."Leçon d’humilité avec Henri Barda" de Eric Dahan dans Libération. Un article qui annonçait sa venue â Toulouse pour la 33ème édition du Festival Piano aux Jacobins.

À la lecture de cet article, il s'aperçoit qu'Henri Barda, "le secret le mieux gardé du piano français", a vécu à New York de 1967 à 71 comme étudiant boursier à la Juilliard School, c'est à dire, exactement à la même période à laquelle il fréquentait lui-même, l'école supérieure d'architecture de l'Université Columbia à New York.

Piqué par la coïncidence et par sa curiosité de mélomane, Alain Salomon se rend avec son épouse et complice Katia, à l'un de ses précieux concerts parisiens. Il s'émerveille de la puissance du jeu, de son intensité, de l'engagement passionné, de l'inspiration exceptionnelle qui en émanent.

Il écrit alors une lettre à Henri Barda qu'il adresse à l'École Normale de Musique où ce dernier enseigne, l'invitant à participer à l'un des nombreux concerts proposés par les Musicales des Coteaux de Gimone. Coup de dés fructueux ? Ou coup d'épée dans l'eau ?

Henri Barda est un artiste rare se produisant peu en concert et disposant d'une discographie modeste. Les trois Sonates de Chopin (Calliope), un récital violon-piano Liszt avec Jean-Jacques Kantorow primé à Budapest (Arion), la musique de chambre de Ravel (Calliope), des œuvres d’Olivier Greif (INA, Triton, Saphir), un live in Tokyo sorti en 2008 (Sisyphe). S’y ajoutent quelques vinyles, les trios pour cor de Brahms et Ligeti, les sonates pour violon et piano de Saint-Saëns, un Kreisleriana et une poignée d’enregistrements jamais parus. Il paraît que ce grand discret n’y est pas pour rien. Non qu'il soit farouche, détaché ou cultivant le mystère, Henri Barda ne cherche tout simplement pas à faire carrière, appréhendant la musique comme un voyage à l’intérieur de lui et non comme un chemin vers la gloire.

Il accepte néanmoins la proposition d'Alain Salomon. C'est lors de leur rencontre dans un café pour mettre au point les modalités de ce récital Gersois, qu'ils découvrent que tous deux, ont patienté le 26 novembre 1967, dans la même file d'attente, pour assister au Carnegie Hall de New York, au mythique concert de retour après 12 ans d'absence, de l'un des plus grands virtuoses de l'histoire du piano, Vladimir Horowitz. Ça crée des liens.

Et la chance sourit indéniablement aux audacieux. Ou peut-être, est-ce la tonalité de la lettre adressée par Alain Salomon dans laquelle il raconte l'histoire de l'association, décrit son fidèle public devenu connaisseur au fil des 15 années de l'association, vante la beauté de la nature, des paysages et des villages de la Gimone en louant simultanément la convivialité Gersoise, qui aurait conquis Henri Barda ?

C'est donc à un grand événement autour du piano qu'il est donné d'assister à la Salle culturelle de Betcave-Aguin, dimanche 14 octobre à 18H00. Un programme sur-mesure, avec les Préludes et Fugues du 1er cahier de Jean-Sébastien Bach, Impromptus op. 142 de Schubert, Impromptus de Chopin et Tombeau de Couperin de Ravel.

Henri Barda a en effet décliné l'arrangeante proposition de jouer le même récital que celui qu'il prépare pour la prestigieuse salle Gaveau à Paris le 20 novembre prochain, comme il est d'usage chez la plupart des musiciens qui utilisent la province comme lieu de répétition de leurs concerts parisiens. Le Gers mérite mieux. C'est dire toute le classe de ce grand Monsieur.

Les Musicales des Coteaux de Gimone
Salle Culturelle 32420 Betcave-Aguin
Tarif : 20€
Tarif adhérents : 16 €

Texte © RBV
Photos © DR / © RBV