L’été, les ferries se succèdent à un rythme accéléré dans le port marocain de Tanger. En provenance d’Espagne, de France, de Belgique ou d’Italie, ils déversent des flots de voitures, chargées à ras bord de MRE, Marocains résidant à l’étranger, et de cargaisons parfois surréalistes.
Les MRE, représentent 12% de la population totale du Maroc, soit environ 4 millions de personnes. Chaque année à la même époque, la grande transhumance des vacances les ramène au "bled". Certains prennent l’avion, mais la grande majorité d’entre eux (70%) prennent le bateau. Au total, quelque 700. 000 véhicules transitent donc entre juin et septembre par les ports marocains, surtout Tanger, qui absorbe l’essentiel du trafic de ce voyage aller.
"Voyage aller", en anglais Outbound Trip, c’est justement le titre d’une installation artistique à l’aspect sociologique, du Toulousain Tilt, sélectionné au sein du OFF de la Biennale de Marrakech 2016. Une œuvre qui est la première exposée dans le nouvel espace muséal gigantesque, de la Fondation Montresso à Jardin Rouge, avant son inauguration, dans le cadre de 6ème édition de cette grande fête de l’Art Contemporain, ayant lieu du 24 Février au 8 Mai 2016.
Dans cette œuvre de constante actualité, puisqu’elle évoque les flux migratoires estivaux, le graffiti artist toulousain, a ‘’fétichisé’’ une 404 Peugeot soustraite au temps, à laquelle il rend hommage pour ses intérêts pratiques, sociaux et culturels. Tilt sacralise l’objet en le vandalisant et fait tomber les frontières labiles et mouvantes de l’œuvre d’art. Il réinterprète et met en scène les images des grands déplacements sur les routes du Maghreb, de ces rencontres des deux cultures au travers des Allers-Retours des ‘’migrants’’ avec une mise en scène, propre à lui, flirtant toujours avec le graffiti primitif.
D’une dimension de 360 x 440 x 50cm, son convoi overdosé de graffiti, composé d’une moitié de 404 Peugeot et sa galerie chargée des objets ramenés de l’Occident en Orient ou vice versa, a débuté le 29 février. Par ici la vidéo de Paul Etard autour de cette sculpture monumentale :
Du brut planté au cœur de cette résidence d’artistes verdoyante, du béton cerné par le vert de la végétation et l’ocre des murs et de la terre, depuis 2007, la Fondation Montresso s’est investie dans la création et le développement d’un village d’artistes, permettant à la ville de recevoir des grands noms de l’art contemporain. 2016 marque donc un tournant avec ce nouvel espace muséal de 1.300 m² destiné à abriter la collection permanente de Montresso. Chaque année également, 2 expositions monumentales seront présentées élargissant les perspectives des artistes résidents. À leurs côtés, Village Rouge s'attache à conforter la ville ocre dans ses ambitions à vocation artistique innovante et qualitative. Et la Biénale de Marrackech, tombe à point nommé.
Après avoir eu comme thème en 2014 ‘’Where are we’’, Printemps Arabe oblige, celui de cette 6ème Biennale de Marrakech est ‘’Trace’’. Un hymne aux racines multiples de cette terre du Maroc, qu’elles soient contemporaines ou historiques à la fois amazigh, islamiques, arabes, judaïques, africaines ou ibériques.
Une mixité qui inspire Tilt. Depuis 1988, il parcourt le monde et interroge le passant sur ses attentes et préjugés, sur ses habitudes et schémas mentaux, et traque parallèlement la résistance de certaines conceptions de l’art comme celle de la continuité par le nomadisme d’une œuvre, qui, du coup, sait de quoi elle parle. Dans cette optique, la suite de son ‘’Voyage Simple’’, la sculpture, ‘’Le Voyage Retour’’ (Return Trip), sera dévoilée en France, au Musée des Abattoirs de Toulouse en juin prochain. L’autre moitié de la 404 Peugeot et sa galerie chargée des objets ramenés de l’Occident en Orient, sera présentée par le street artist toulousain à l’exposition Epoxy du Musée d'art moderne et contemporain, lors de Rose Béton, le gigantesque festival urbain de la ville rose.
Quant au nouvel espace muséal de la Fondation Montresso au Jardin Rouge pas loin de Marrackech, il sera, lui, inauguré en avril en même temps que l’exposition de l’artiste Gérard Rancinan, un photographe plasticien français auréolé de 6 World Press Photo, dont 4 premiers prix, et d’une prestigieuse carrière.
Photos © Ian Cox 2016
Photo © Gérard Rancinan
260 000 €. C’est le prix atteint par le monumental tirage Le Festin des barbares, vendu le 18 mai 2014 à l’étude Pillon SVV, dans le cadre des Floralies de Versailles. Gérard Rancinan, est ainsi devenu, le photographe français vivant le plus cher de l’histoire