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ZiK et ZinC

La culture alternative est un vivier d’expressions en marge.

In light, Marko 93 trusts !

Publié le 10 Mars 2016 par DB-RBV

In light, Marko 93 trusts !

À quelques mois d’intervalle, deux fresques sont peintes par Marko 93, rue de l’Ourcq, dans le 19ème arrondissement de Paris. Une première fresque dédiée à Frida Kahlo a été recouverte par le street artist d’une seconde fresque, ayant le même sujet. Le parricide du portrait de Frida 1, devient ainsi aussitôt résurrection avec le portrait de Frida 2. Marko 93 n’a en effet pas attendu que les ravages du temps altèrent ‘’sa’’ Frida.

© DB
© DB

© DB

Elle naquit une seconde fois, encore plus éclatante, non seulement en clin d'oeil à la toile de l'artiste mexicaine "Les deux Frida". Marko 93 s'est attaché à lui prodiguer ses métamorphoses artistiques. Le Séquano-Dionysien y utilise cette fois, une technique qu'il avait peu expérimentée par ailleurs, le vitrograff. Ne cherchez pas ce mot dans le dico, c'est un néologisme créé par Marko pour qualifier un cloisonnement des surfaces en aplats comparables à des vitraux. D'où le nom de "vitro" et de "graff" pour renvoyer aux peintures des murs avec des bombes aérosols. Dans sa Frida 2, Marko a d'autre part peint, en espagnol, une citation de Frida Kahlo : "No estoy enferma...estoy rota...pero estoy feliz de estar viva mientras pueda pintar." (Je ne suis pas malade… Je suis cassée… Mais je suis heureuse d’être en vie pendant que je peux peindre). Réalisée en deux temps, la fresque est un hommage post mortem qui a dépassé le projet initial. C’est finalement une œuvre de synthèse de l'ensemble des techniques que maîtrise actuellement Marko.


Mais les animaux l’interpellent aussi. Si un singe et un chat figurent sur le portrait de Frida 1, c’est un singe, un chat noir et un perroquet qui s’étalent dans le portrait Frida 2. Et peut-être que le point de départ qui a amené Marko au thème archi-classique des fauves est ce chat noir qu’il a peint à droite de la fresque de Frida Kalho, rue de l’Ourcq, dans le 19ème arrondissement de Paris. Pourquoi un chat ? Pourquoi pas ? Frida Kalho, dans ses centaines d’autoportraits, s’était souvent représentée avec des animaux familiers, dont des chats. Marko qui s'est inspiré de deux autoportraits de Frida Kahlo dans ces deux fresques a emprunté au tableau " Les deux Frida" de la peintre mexicaine sa composition. Frida au centre, est encadrée par deux animaux familiers. Mais Marko 93 a emprunté à d’autres autoportraits des éléments de décor, comme le perroquet plus gros que le singe et le chat.

Recadrage en gros plan du chat à gauche de Frida 2. Photo © DB

Recadrage en gros plan du chat à gauche de Frida 2. Photo © DB

Dans un commentaire sur sa page FaceBook, Marko 93, indique que le chat l’intéresse comme « être mystérieux » et ce sont surtout ses yeux qui esthétiquement concentrent son intérêt. Dans le portrait de Frida Kalho, ils fascinent, peints avec un jaune éclatant qui rayonne. Pour renforcer l'effet, les contours des yeux sont volontairement flous pour traduire l'éblouissement. Dans d’autres œuvres postérieures, Marko colle carrément à la place des yeux des chats, des matériaux phosphorescents. Marko va encore plus loin et n’hésite pas à conseiller les chasseurs de street art. Il propose à ses followers de photographier au flash les yeux de ses félins. Nous y voilà ! Les félins sont effectivement des animaux dont les yeux éclairés étincellent dans la nuit. Encore la lumière, toujours la lumière au centre des essais de Marko, artiste qui s’est lui-même baptisé Dark Vapor, le French lighter, et qui s’est donnée pour devise : « In light we trust » tout en continuant à œuvrer pour le graffiti propre. Le comble pour un art né vandale ! Mais c’est ainsi qu’il travaille. Et tout aussi minutieusement, il pratique avec talent, le light-painting et le body painting.

Photos et oeuvres © Marko 93
Photos et oeuvres © Marko 93

Photos et oeuvres © Marko 93

Originaire de Saint-Denis, dans le 93, Marko a commencé le graff à 15 ans. En 1992, il s'intéresse à la calligraphie arabe. Il taille alors l'embout de ses bombes de peinture comme un qalam et intègre l'écriture à son graffiti : c'est le "calligraffisme". Il fut l'un des premiers à intégrer de la calligraphie dans son graffiti, il a réinventé le light painting dans les années 2000, participé au désormais mythique Tour Paris 13, peint un peu partout dans le monde, notamment l'an dernier sur un boeing à Tunis et sur la façade du ministère de la Culture à Paris. Il fait également partie des 11 graffeurs récemment sélectionnés dans le cadre du projet "Les oeuvres d'art investissent la rue" qui donne un mur aux street artists pour 11 fresques dans 11 arrondissements de Paris en 2016. Marko 93, s’est vu attribuer le 6ème.

Avec le graff, qu’il met à toutes les sauces, Marko 93, drogué du voyage, a plusieurs fois fait le tour du monde en quête d’inspiration. Du Cambodge, au Myanmar, du Canada au Mexique, il a plus d’un tour dans son bagage et s’essaie à tout.

Cumulant son goût pour l'improvisation speedée et le contact humain, Marko se lance dans la peinture sur corps. Le déclic se produit avec The Pillow Book, de Peter Greenaway. Un calligraphe dessine sur le dos d'une fille. Ici, le film en intégralité :

Aussitôt Marko tague le dos de sa copine avant d’écumer les soirées son Poska blanc (feutre) prêt à dégainer par surprise, sur l'épaule des participants, à raison d’une minute par personne. Avec Ariane, un de ses modèles, il entreprend une série intitulée "création", en honneur à l'enfant qu'elle portait alors.

Body-painting © Marko 93, 2010​

Body-painting © Marko 93, 2010​

En 1999, son art s'éclaire. Marko découvre le light painting. Cette technique consiste à utiliser un temps d'exposition long dans un environnement sombre en y déplaçant une source de lumière ou en bougeant l'appareil photo. La photographie obtenue révèle alors toutes les traces lumineuses dues soit à l'exposition directe du capteur à la source lumineuse, soit aux objets éclairés.

Marko s’y lance, après avoir ‘’flashé’’ sur une photo de nuit illuminée par la traînée des phares d'une voiture. Il s’est alors mis à tracer des traits lumineux avec une lampe de poche, photographiés la nuit avec un retardateur, comme, avant lui, en 1899, le physiologiste français Etienne Jules Marey et le photographe hongrois Georges Demeny. En 1937, l'américain Man Ray exploite le procédé avec son oeil de photographe. " A Man With Moving Light " et " Space-Writing " sont vraisemblablement les premières oeuvres artistiques de light painting. Pablo Picasso s'appropriera le concept, en 1949, épaulé par le photographe Albano-Américain Gjon Mili, chargé du côté technique. De leur collaboration naitra une série de clichés illuminée du c
oup de crayon si particulier du cubiste.

Plus tard, en 1979, l'artiste photographe Jacques Pugin fit plusieurs séries d'images avec cette technique. Par ici le site du photographe suisse :

D’autres oeuvres ont été réalisées avec cette technique eomme le clip musical Lovers in Japan du groupe britannique Coldplay :

Mais aussi le clip musical "Sans dire un mot" du français Emmanuel Moire :

http
s://www.youtube.com/watch?v=vp7hRNB6zu8

Grâce au light-painting, l'artiste Marko 93 se sert de la lumière comme d'une bombe pour imprimer dans l'objectif ses arabesques.

Sous l’égide de sa ville, Marko 93 a réunit plus de trois cents personnes place Victor Hugo pour former en lumière la flèche de la Basilique de Saint-Denis, disparue depuis 1846. Il a ainsi réalisé une photographie selon les techniques du light painting pendant que la basilique retrouvait, l’espace d’un moment, sa flèche.

Light-painting © Marko 93, 2011.

Light-painting © Marko 93, 2011.

Marko 93 partage un atelier avec dAcRuZ, au 6B, lieu de création et de diffusion, hot spot de la vie culturelle alternative à Saint Denis. Dans ce bâtiment de 7.000 m2, plus de 150 occupants, dont une majorité d’artistes résident, dont la chanteuse Camille, qui y a enregistré son dernier album ‘’Ilo Veyou’’.

Une exposition commune, la première des deux graffeurs, aura lieu du 24 mars au 04 avril au Loft 34, rue du Dragon, Paris 6ème. Cinq ans déjà, que les deux graffeurs s’étaient rencontrés dans le quartier de l'Ourcq. C'était lors du festival Ourcq Living Colors, créé et organisé par dAcRuZ, qu'ils ont commencé à peindre ensemble. Une rencontre au pied du mur, qui a également laissé ses traces, sur l'ancien bâtiment des douanes à Pantin ou sur le Wip à La Villette. Au Loft, les deux artistes exposeront leurs toutes dernières toiles, consacrées aux animaux !

Photo © DB - Paris 19ème - 9 mars 2016 - Marko 93

Photo © DB - Paris 19ème - 9 mars 2016 - Marko 93

Photo © DB - Paris 19ème - Marko 93

Photo © DB - Paris 19ème - Marko 93

© Marko 93

© Marko 93

© Marko 93 - Aliance Française - Inde

© Marko 93 - Aliance Française - Inde

Graff + Photo © Marko 93 - Paris, 2011

Graff + Photo © Marko 93 - Paris, 2011

Vision de la société par Marko 93 : "L'éléphant symbolise la puissance mais celui-ci est handicapé et avalé par le système".

Page Facebook de Marko 93 :

Invitation au vernissage / Exposition / Événement Facebook :

Photo © Marko 93

Photo © Marko 93

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