"Je suis l'un de ceux qui croient que l'auteur devrait compter seulement ses œuvres. Donc, je ne donne pas des informations biographiques, ou je leur donne de faux, ou du moins j'essaie toujours de les changer à chaque fois. Demandez-moi ce que vous voulez savoir et je vais vous dire. Mais je ne dirai jamais la vérité, vous pouvez être sûr de cela".
La citation du philosophe et écrivain italien Italo Calvino, est brandie illico presto par le street artist Bifido lorsqu’on lui demande des éléments sur son parcours. On sait pourtant qu’il est né à Caserta, près de Naples, dans le sud de l'Italie, entre volcan et mer. Il a étudié le cinéma et la littérature mais n'a jamais fréquenté les académies d'art. Et pour cause, l’artiste qui porte bien son pseudo qui provient de la bactérie Bifidobacterium présente dans l'estomac pour aider à déféquer, se veut et se voit, comme une bactérie dans le monde de l’art. Il s’agit, pour lui qui affirme que les galeries sont à l'art, ce que les tubes d’essais de chimistes sont à la vie, de la meilleure façon de définir la pratique de son art urbain. Pour lui, qui stipule que "le temps libre est l'expression maximale de l'esclavage capitaliste, l'art ne peut jamais être un passe-temps et réduire le temps libre, signifierait que le reste d’une vie n’est pas libre". Selon Bifido, un artiste est quelqu'un qui fait ce que d'autres personnes ne le font pas, par peur, par paresse ou par honte.
Du papier, de la colle et des photos, la technique de Bifido est immuable même si son travail et l'esthétique sont en constante évolution. Une fois qu'il a écrit, dessiné ou numériquement réalisé et finalisé son projet, il tire les photos dans le studio. Ses voyages inspirent ses œuvres, et ses œuvres inspirent ses voyages. De Budapest à Marseille, en passant par la Sicile ou Mostar il laisse sur les murs ses questionnements artistiques autour de la guerre, la violence, le capitalisme. Si l’artiste balaie plusieurs thèmes, il se concentre actuellement presque exclusivement sur les enfants, même si ses derniers travaux à Bologne ont été inspirés par les peintures de la Renaissance et flirtent avec l'esthétique du surréalisme. Couleurs, sujets, positions et interactions, tout comme les scènes bibliques, Bifido crée des séquences dans laquelle quelque chose se passe. Bifido est peu passif, assurément.
Photos © Dario Alejandro Barletta © Pierfrancesco Lafratta © Bifido
Les " photos des 4 dernières oeuvres de la page "My Heart Is Blue For You" à Caserta, "Gullivers travel" à Naples et "Who eats the worm" à Naples, "Sweet dreams are made of this" à Caserta, sont signées Bifido.